Toutes ces libertés que nous avons perdu au nom de la sécurité.

L'UMP ne cesse de le répéter : "la sécurité est la première des libertés". En réalité ce sont deux concepts qui n'ont rien à voir, et je me souviens du nombre de fois où j'ai dû remiser ma liberté face à la sécurité.

Ce matin, j'ai vu mon bus passer juste en face de chez moi. Je n'allais pas courir après. Je me suis soudainement souvenue de l'époque où j'étais adolescent, où j'étais fier de pouvoir courrir après le bus, de m'engouffrer dans la dernière porte juste avant sa fermeture. Le frisson.

Maintenant, pour des raisons de "sécurité publique", on est tous obligé de passer face au conducteur. Ca fait perdre nettement plus de temps... (oui, faites entrer 30 personnes par 3 ouvertures ou 30 personnes par la même ouverture, ça prend plus de temps, c'est mathématique.) On doit tous rentrer par la même porte par "sécurité" pour que le conducteur sache si l'on fraude ou pas, ou qu'il voit s'il on rentre pas avec un pitbull ou des armes. Mais à plus de 10 personnes, il va juste regarder si on est tous rentré pour pouvoir démarrer et aller au prochain arrêt. De temps en temps, il va juste nous demander de nous tasser dans le fond.

C'est comme les cartes au mois ou à la semaine. Avant, tu achetais ta carte au mois, et en cas de controle t'étais peinard. Maintenant, il faut faire valider ta carte "à chaque fois que tu rentre" dans le métro ou à l'entrée des bus. C'est toujours la même carte, tu as tout autant apporté ta contribution au service de transport mais cette fois-ci, faut le prouver à chaque fois que tu rentre.

D'ailleurs, les services de transports sont-ils plus sûr qu'avant ? Pour les fraudes dans les bus, peut-être, mais pour les usagers, pas sûr. Et je ne parle pas du nombre de controleurs de tickets dans les métro, alors que sur la rame, tu peux te faire agresser verbalement, et pour les femmes, se faire harceler par un tordu...* seule les caméras sont là. Qui les regarde ?

Autres exemples avec les trains. Avant de visiter officiellement Lyon, tout ce que j'ai connu pendant des années de Lyon, c'était sa gare : Lyon-Part Dieu. Immense gare par laquelle je transitait souvent, attendant 4 ou 5 heures un train pour Macon ou pour Valences. Si j'avais envie de visiter Lyon, mais il fallait que je me trimballe 3 valises avec moi. A une lointaine époque, un génie avait eu l'idée de créer les "consignes" des lieux où tu posais tes bagages et contre une somme donnée, on te les garde un certain temps dans une boite.

Hélas, à cause du plan vigipirate, les consignes sont fermés. Nous sommes toujours en plan vigipirate "rouge" suite aux émeutes de banlieue et aux attentats de Londres... Oui, c'était en 2005.

Lorsqu'on me dit Lyon, je pense à ça.

D'ailleurs en parlant de train, ça m'est arrivé deux fois de louper le dernier train.

Vous savez, celui du soir, vers 22h ou 23h, lorsque le prochain train n'étant pas avant 5 heures du matin. La première fois, j'ai pris mon mal en patience (et un bon bouquin) et j'ai attendu sur un banc dans la salle des pas perdus. J'ai pris des bonnes grosses de cafés, me suis un peu affalé sur le banc, c'était dur mais possible.

La seconde fois, passé minuit et demi, un vigile m'a mis à la porte. "Désolé, mais on ferme la gare, revenez demain matin." Apparemment, les gares ne sont plus ouvertes toutes les nuits. "Vous comprenez, les SDF restent sur les bancs et ça fait du bazar." Un hotel ? A une heure du matin, sans réservation, avec deux bagages, dans le centre ville ? J'aurai casqué plus que si j'avais fait 3 fois l'aller-retour.

Un autre exemple que j'ai remarqué en regardant des séries télé ou des films américains. Un type s'engueule avec sa femme, ou il apprend une nouvelle dramatique au beau milieu de la nuit. Il prend sa voiture, sort et va dans le premier bar venu, finissant sa peine dans un verre de whisky. Sec.

C'est d'ailleurs la trame principale de la chanson "Chacun fait (ce qu'il lui plait)"** de 1981. "Tout près de la poste il y a un petit bar, je pousse la porte et je vais m'assoeir."

Dans le Rennes des années 2010, chose impossible : Tout les bars ferment à 1 heure du matin. Se pointer vers minuit et demi dans un bistrot est très mal vu. Bon, il y a des "bars de nuits" mais une grande partie sont des pseudos-boites et devant chacun, il faut montrer pattes blanches pour passer les videurs. D'ailleurs, même dans les autres villes les bars obtiennent rarement l'autorisation d'ouvrir après deux heures du matin.

Tout cela parce que les préfets sont garants de la "sécurité publique" et que des gens ivres passé une heure ou deux du matin, ça fait désordre. Du coup, ils mettent des arrêtés et sont très stricts là dessus. Au final, on a des jeunes qui sortent vers 22h et qui ont 3 heures pour "en profiter." De grandes quantité d'alcool bues en peu de temps... il n'y a rien de pire pour devenir alcoolique.

Du reste, si votre moitié vous apprend une infidélité à 2 heures du matin, il ne reste plus que deux solutions : arpenter les rues vides pour vous oxigéner et croiser des dealers, ou bien appeler "Allo Apéro" qui sera prêt à vous livrer une bouteille de vodka, 24H/24. Bouteille que vous boirez chez vous.... tout seul.

Alors, evidemment, on vous répondra, que vous n'avez qu'à prendre le bus à l'heure et réduire vos voyages au strict minimum. Vous n'avez qu'à pas louper le train. Vous n'avez qu'à pas boire. Vous n'avez pas à vous engueuler avec votre conjoints.

Bref, vivre dans une société ou tout le monde doit être à l'heure, où tout les horaires et les à coté doivent être réglés, où personne ne boit, où tout le monde fait la fête de façon "mesurée" et où personne ne s'énerve, ni ne ressent quoi que ce soit. Ne serait-ce pas une définition d'une société sans liberté ?

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité  ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. »

Benjamin Franklyn

*cliquez sur le lien. C'est le genre de notes de blog qui vous reste en mémoire pendant des mois.

** ironie hein ? Surtout que cette chanson as eu pour non "French Night" à l'étranger.